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RETOUR SUR LES COMMUNS EN PAYS BASQUE

RETOUR SUR LES COMMUNS EN PAYS BASQUE

Le CDPB a été partenaire du dernier colloque de l’Ethnopôle d’EKE/ICB consacré cette année aux communs. Que pouvons-nous en retenir pour l’avenir du territoire et de ses ressources ?

Mais qu’est-ce que les communs ?

Durant ces deux jours, des spécialistes de la question et notamment l’économiste Benjamin Coriat (cf. photo) qui a inauguré le colloque a explicité cette notion émergeant à nouveau à la fin des années 1980 aux Etats-Unis par une chercheuse, Ostrom, qui annonce la fin des communs suite à une révolution qui a lieu dans le sud. Les travaux et réflexions autour de cette notion ne cessent de s’accroitre depuis. Ostrom les définit selon trois critères principaux :

  • Les communs sont des ressources ou des biens mis en commun avec un accès partagé
  • Il y a une distribution des droits et des obligations parmi les ayants droits
  • Les communs supposent la reproduction de la ressource et le respect de l’écosystème

Crédits : EKE // ICB

B. Coriat a souligné l’intérêt de travailler sur les communs, d’une part pour mettre fin à l’ère de la propriété privée et du capitalisme, mais d’autre part, il a défendu l’idée que travailler sur les communs est une porte d’entrée pour traiter les grands défis d’aujourd’hui et notamment les défis climatiques : en effet, l’eau, la terre, le climat sont des grands communs, ainsi qu’internet par exemple, qu’il est indispensable de gérer en commun.

Or, la juriste Marie Cornu a montré comment le droit actuel a des difficultés pour penser les communs tout en insistant sur l’intérêt de repenser le droit à partir des communs.

 

Et en Pays Basque ?

Les interventions qui ont suivi ces présentations théoriques posant le cadre de la question ont permis de souligner la richesse des expériences en termes de communs, en iparralde (Pays Basque nord) comme en hegoalde (pays Basque sud) mais aussi dans d’autres territoires et à des échelles plus larges.

Les communs, un sujet qu’on connaît en réalité ou pour mieux dire qu’on sait faire en Euskal Herri. L’économiste Xabi Larralde (porteur du projet de Barter transfrontalier) l’a démontré. Des pratiques anciennes comme le système pastoral et la gestion des terres indivis, comme celles de la vie des quartiers ruraux et urbains, avec des usages liés à l’auzolan (que l’on pourrait traduire par : solidarité de voisinage, travaux collectifs…), mais aussi comme la tradition coopérative dans le monde industriel…, montrent que faire en commun en Euskal Herri remonte à bien longtemps.

Or, la privatisation de biens et la libération des échanges à l’échelle internationale ont menacé ce type de communs en Euskal Herri comme ailleurs et cela entraîne des malaises sociétaux et notamment les crises que nous connaissons aujourd’hui.

Cela dit, les communs n’ont pas disparu sur notre territoire, ils se créent aussi sans cesse avec des initiatives comme Euskal Moneta, Lurzaindia, Enargia-I.Ener, et bien d’autres. Isabelle Bagdassarian a notamment décrit l’attachement à ces gestions collectives, aussi bien anciennes que nouvelles en Euskal Herri. Les communs permettent aussi de faire communauté et les cas des communautés linguistiques, de la communauté wikipédia euskaldun, d’Open Street Map, ou de la Coopérative Talois en Hegoalde montrent comment une ressource commune rassemble. A l’inverse, cette communauté rend possible la gestion et la reproduction des communs et la question s’est posée durant le colloque dans le domaine culturel avec deux témoignages : la fabrique Pola de Bordeaux et Astra de Gernika.

A l’issue de ce colloque, on aurait tendance à clamer haut et fort la puissance des communs, voire la nécessité de s’y mettre immédiatement pour répondre à nos enjeux sociétaux contemporains. « Les communs sont dans l’intérêt de tous » aura été la conclusion de ce colloque, de quoi laisser des graines à semer dans un territoire qui n’en manque pas.

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